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Edna Epelbaum : « Chaque exploitant de salles est pour moi héroïque. » 

CINÉMA. L’exploitante et présidente de l’Association suisse du cinéma porte un regard optimiste sur le secteur, dont la sortie de crise n’est pas encore complètement assurée et doit être, selon elle, pensée collectivement.

Lorsqu’on la rencontre en cette fin septembre fraîche et pluvieuse, les rues de Bienne s’animent au rythme des séances du Festival du Film Français d’Helvétie dont elle directrice de programmation, tandis que les oriflammes rue de la gare se gonflent et se dégonflent au gré du vent. La ville comme son bureau bruissent d’une émulation cinématographique que la crise nous avait presque fait oublier.

 Pas le temps de se lamenter, il faut « regarder l’avenir et aller de l’avant » nous intime Edna Epelbaum, exploitante et directrice des salles Cinepel, Cinemont, Cinevital et Quinnie – 27 salles en tout – dans les cantons de Berne, Neuchâtel et Jura, également présidente de SKV-ACS Association du cinéma suisse, et membre du comité Procinéma, la faîtière des exploitants de salles et des distributeurs suisses. Beaucoup de responsabilités, du travail et un engagement qui illustrent la personnalité de cette passionnée et femme d’affaires bien connue des Biennois depuis qu’elle a repris en 2010 les affaires familiales.

 

Retrouver vite une normalité.

La crise, Cinepel SA comme tout le secteur y sont encore plongés. « Pour moi, c’est en travaillant tous ensemble que nous arriverons à la traverser, explique Edna Epelbaum. Nous devons trouver des solutions rapides pour retrouver une normalité, planifier des films, des événements, organiser des séances scolaires… La différence entre le cinéma et le canapé, ce sont les rencontres. C’est ainsi que l’on redynamisera le public. »

 

Il faut également trouver un équilibre entre les films, les exploitants et le public. « Le cœur de notre travail c’est le film, mais si la qualité ou la quantité ne suit pas, le public ne viendra pas ; il faut proposer de la diversité et prendre des risques, ne pas avoir que des blockbusters ou que des films art & essai. »

Faire du cinéma une plateforme où les jeunes peuvent modérer un film, où les entreprises ou institutions investissent les lieux, où chacun est acteur et moteur est aussi un enjeu fort. Le cinéma, dit-elle, « peut rendre service à tout le monde ».

 

Mieux connaître le travail de chacun.

Au total, Edna Epelbaum exploite 28 salles et en défend 600 au sein de l’Association du cinéma suisse, dont l’objectif est de faciliter les échanges entre exploitants, distributeurs et Procinéma. « Il faut connaître le travail de chacun pour avancer et, au final, mieux vendre le cinéma ». Mais les mesures sanitaires à instaurer dans les salles et pour le personnel cannibalisent les débats et une grande partie de son temps. « Il est clair, déplore-t-elle, que depuis un an l’essentiel de mon travail au sein de l’association est politique. »

Mais la présidente d’ACS sait être rassurante. « Le cinéma est habitué à survivre aux crises. C’est presque existentiel chez nous et cela nous fait avancer. »

Le coup de chapeau d’Edna Epelbaum.

« J’admire tous ceux qui travaillent avec passion dans cette branche. Pour moi, chaque exploitant de salle est un héro ou une héroïne. Ces gens sont plutôt dans l’ombre et le public ne sait pas vraiment ce qu’il se passe dans leur quotidien. C’est un travail qui n’est pas toujours financièrement très lucratif et qui pose – aujourd’hui particulièrement – énormément de problèmes, et malgré tout, ces personnes y croient et se battent avec une patience admirable pour continuer à avoir des films dans les salles. »

 QUELQUES DATES

1er janvier 2022 – après des mois de crise je me concentre sur l’avenir

365, le nombre de jours d’ouverture du cinéma par an : 365 jours de joie, d’aventure, de passion…

Eté 2006 : décision avec mes parents de garder les cinémas dans la famille.

Elsa Duperray. LA BOUCLE

Portrait publié dans le magazine de cinéma suisse romand Avant Première, numéro de novembre 2021.